Réduire les captures accidentelles de dauphins dans le Golfe de Gascogne
Le nombre de captures accidentelles de dauphins dans le Golfe de Gascogne est estimé entre 3 000 et 11 000 par an pour une population, à l’échelle européenne, de 680 000 individus. Cela représente entre 0,6 % et 2 % de la population estimée - ce qui est suffisant pour présenter un risque pour la pérennité de cette espèce protégée.
Un phénomène qui n’est pas nouveau
Les épisodes de mortalité des dauphins ne sont pas nouveaux et des pics d’échouages sur le littoral Atlantique en hiver sont recensés depuis les années 1990. Mais depuis 2016, les échouages de petits cétacés présentant des marques de captures par filet de pêche atteignent des niveaux inédits dans le golfe de Gascogne.
Les scientifiques manquent de connaissances pour expliquer l’ampleur nouvelle de ces captures accidentelles. Il est nécessaire de comprendre les facteurs environnementaux et humains à l’origine de ces captures et de leur augmentation, comme le changement climatique ou la diminution de la taille et la distribution spatiale des anchois et sardines, proies préférées des dauphins.
Afin de comprendre les raisons de ces captures et de pouvoir y remédier, le projet de recherche Delmoges (Delphinus mouvements gestion) a été initié le 1er mars 2022 pour une durée de 3 ans. L’objectif du projet Delmoges est d’abord de produire de nouvelles connaissances scientifiques pour ensuite aider au développement de mesures de réduction des mortalités. Pour être efficaces, de telles mesures devraient permettre d’assurer la protection des populations de dauphins sans affecter l’activité de pêche de manière disproportionnée.
Comprendre pourquoi les dauphins sont capturés
Dans un premier temps, l’objectif est de combler le manque de connaissances. Les habitats des dauphins et leurs mouvements, leurs relations avec leurs proies et leur environnement, leurs interactions avec les engins de pêche sont autant de questions à approfondir. Le projet Delmoges s’est donné pour ambition de croiser les approches disciplinaires et d’exploiter les dernières technologies (drones, caméras, hydrophones, outils d’identification par (sidenote: ADN environnemental C'est une technique qui permet d'identifier les espèces présentes dans un milieu, sans isoler chaque organisme au préalable. L’ADNe peut être extrait à partir d’un échantillon naturel (eau, sédiment, etc.). Il s’agit d’analyser à la fois l'ADN de cellules intactes, mais aussi les traces d’ADN laissées par les organismes, via des urines, morceaux de peau, mucus... ) …) pour répondre à ces questions.
Réduire les captures
Dans un second temps, l’Ifremer et ses partenaires souhaitent co-construire des outils d’aide à la décision. Ces outils, qui prendront la forme de scénarios de réduction des captures de dauphins suivant différents leviers d’actions, seront évalués sur la base de leurs conséquences écologiques et socio-économiques.
Instituts de recherche et pêcheurs coopèrent
Delmoges est un projet interdisciplinaire porté par l’Ifremer, La Rochelle Université et le CNRS, en partenariat avec l’Université de Bretagne Occidentale (UBO), et le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM). Le budget total est de 5 millions d'euros, financés pour plus de la moitié par le Secrétariat d’Etat à la Mer et le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, avec une contribution de France Filière Pêche (FFP) et des instituts partenaires.