Connaître l’état des populations de poissons

L’Ifremer collecte des données sur la pêche depuis plus de 30 ans. Toutes ces informations sont classées, stockées, et mises à disposition grâce au Système d’informations halieutiques (SIH). Focus sur cet outil fonctionnant en réseau, indispensable à de nombreux de projets de recherche en sciences halieutiques et aux politiques de gestion des pêches.

Qu’est-ce que le système d’informations halieutiques ?

Quels poissons sont présents sur le littoral français ? Comment se portent les populations de merlu, de thon, de sole ? Où sont les bateaux de pêche et que pêchent-ils ? Autant de questions nécessaires à la gestion des pêches et qui nécessitent des données. 
L’Ifremer collecte, traite et stocke ces données, au travers du Système d’informations (sidenote: Halieutique Qui concerne la pêche. Ce terme désigne à la fois la ressource qui est pêchée (ressources halieutiques), et la discipline qui consiste à étudier et gérer les pêches. ) . Ce réseau national permet d’assurer l’observation des ressources et de toutes les flottilles de pêche professionnelle embarquée. Il apporte de la connaissance pour la recherche et l’appui aux politiques publiques, permettant de contribuer à une exploitation durable des ressources halieutiques. Le SIH appréhende l’ensemble du système pêche, dans toutes ses composantes et sur l’ensemble des façades maritimes (Hexagone, Corse, départements et régions d’Outre-mer). 

Les chiffres-clés du système d’informations halieutiques

100

observateurs

6 000

navires observés

100

points de débarquement où sont collectées les données

160

populations de poissons pour lesquelles l’Ifremer collecte les données

900 000

individus (poissons ou autres) mesurés chaque année (aux points de débarquement, sur les navires professionnels ou lors de campagnes scientifiques)

10 000

individus par an ont leur âge déterminé par les chercheurs (lecture de leur âge à partir d’écailles ou d’otolites, des petites structures situées dans la tête des poissons)

Un large panel de compétences pour traiter des données très variées

Le SIH rassemble des données collectées par l’Ifremer (campagnes scientifiques, enquêtes, observations sur les points de débarquements…), mais aussi des données collectées par des partenaires (qui peuvent être formés par l’Ifremer), des données de suivi satellite, ou encore des données réglementaires : ventes en criée, déclarations de pêche, etc. Il intègre aussi des données sur les entreprises de pêche (chiffre d’affaires, recettes et dépenses, nombre d’individus à bord du bateau, mode de rémunération des pêcheurs, etc.). 

Nous nous intéressons au socio-écosystème halieutique, c’est-à-dire l’écosystème, intégrant aussi les pêcheurs.

Emilie Leblond
Ifremer | Coordinatrice du SIH

Le SIH mobilise au sein de l’Ifremer des compétences de biologistes, économistes, statisticiens et informaticiens pour :

  • collecter des informations et organiser la collecte avec les partenaires et l’administration française ;
  • stocker de façon sécurisée les données collectées dans la base de données nationale Harmonie ; 
  • qualifier et valider les données, c’est-à-dire vérifier que les données sont complètes, exprimées avec un même référentiel, qu’il n’y a pas d’erreur de saisie, etc. ;
  • mettre à disposition ces données. La diffusion reste encadrée car certaines données sont individuelles et confidentielles ;
  • élaborer des indicateurs sur l’activité halieutique, les ressources et les écosystèmes exploités par la pêche ;
  • restituer ces indicateurs sous forme de synthèses aux différents acteurs de la filière pêche et au grand public ;
  • soutenir des missions d'avis et d'expertise halieutique institutionnelle de l'Ifremer ;
  • développer les outils de saisie, de (sidenote: Bancariser Sauvegarder dans une base de données ) de données halieutiques…

La base Harmonie rassemble des données très variées

La base de données Harmonie du SIH se distingue par la variété des données qui y sont stockées. Le système regroupe à la fois des données économiques, des abondances de poissons, des données de mesure d’âge, de maturité sexuelle de poissons, des caractéristiques d’engin de pêche, etc. Et de nouveaux types de données arrivent ! Par exemple l’observation par caméra de la remontée des filets.

La base de données Harmonie date des années 2000, mais les données stockées remontent plus loin : les années 1980 pour les pêches scientifiques, voire les années 1970 pour certaines données déclarées ou de ventes en criée.

Le travail de collecte de données halieutiques s’appuie sur un référentiel commun développé et maintenu par l’Ifremer : par exemple, une espèce de poisson est codifiée de la même manière, qu’elle soit comptabilisée lors de campagnes scientifiques, en criée, ou déclarée par un pêcheur professionnel. Ceci permet une utilisation intégrée des données. Le travail de l’Ifremer vise aussi à rationnaliser l’effort pour sauvegarder la donnée, dans des systèmes « pérennes ». Cela facilite sa réutilisation. Enfin, le travail d’harmonisation des données, de coordination, se joue aussi au niveau européen : il faut par exemple  répartir le travail entre les pays, dans les zones communes à plusieurs pays.

À quoi servent ces données ?

  1. Disposer de chiffres-clés sur la pêche en France, en appui aux politiques publiques

À l’échelle communautaire, les États membres ont l’obligation de collecter des données halieutiques tous les ans : c’est le règlement « Data Collection Framework (DCF) ». Ces données sont nécessaires pour la mise en œuvre de la politique commune sur la pêche, dont l’objectif est de concilier un objectif d’exploitation (pour assurer un approvisionnement alimentaire), avec un objectif de conservation des ressources et de protection des habitats marins. En France, l’État délègue ce travail de collecte à plusieurs instituts, l’Ifremer étant le principal. 

Il s’agit aussi, grâce à ces données, de porter un diagnostic sur l’état des populations de poissons : évaluer les abondances de chaque espèce et leurs paramètres biologiques (tailles, âges…), l’effort de pêche, le poids économique de la pêche en France, etc. Cette évaluation des ressources est nécessaire pour gérer les ressources halieutiques en France. 

  1. Fournir les données pour la recherche

Les scientifiques ont besoin de données pour mener à bien leurs recherches. L’Ifremer évalue par exemple l’impact du changement climatique sur les ressources halieutiques, l’impact économique des mesures de gestion des pêches, etc. Le SIH peut aussi servir à certains projets scientifiques en fournissant des protocoles, des outils (de collecte, de saisie…).

Aller plus loin

Ce contenu vous a intéressé ? Consultez les sites ci-contre pour des informations complémentaires sur le sujet.