Thon rouge : la marque d’un grand voyageur !
Espèce emblématique de l’Atlantique et de Méditerranée, le thon rouge, qui peut peser plus de 600 kg, est un nageur infatigable. Il voit les miles nautiques défiler au compteur durant ses 40 ans d’existence ! Ses migrations incessantes répondent à la quête de deux besoins essentiels : se nourrir et se reproduire. A la différence des autres espèces de thon tropicales ou subtropicales, le thon rouge brave aussi bien les eaux froides (où il se nourrit) que les eaux chaudes (où il se reproduit).
C’est justement au Sud de Malte, répertoriée comme une zone de reproduction, qu’une équipe de l’Ifremer a embarqué à bord d’un des navires de la SATHOAN, organisation de producteurs de Sète. Objectif : profiter d’une campagne de pêche à la senne (grand filet destiné à encercler des bancs de poissons) pour capturer des thons, les équiper d’une marque électronique et retracer ainsi leurs déplacements sur une année.
Marquage à bord d’un senneur : un exploit logistique
3 marques et une double transatlantique
Ces efforts n’ont pas été vains puisque la récolte de marques issues de la campagne 2019 s’est avérée instructive. « Sur les 5 individus que nous avions équipés, trois marques ont tenu plus de 10 mois, dont deux un an, sans se décrocher». Deux thons sont restés en Méditerranée et l’un d’eux a été recapturé à Ravenne dans le Nord de l’Adriatique. Le plus aventureux a gagné l’Atlantique jusqu’au Sud de l’Islande avant de poursuivre sa traversée vers le Canada, de faire cap vers le Sud puis d’amorcer un retour en Méditerranée où il est rentré au mois de juin, un an après avoir été marqué. Un périple impressionnant !
Une génération de marques électroniques plus « intelligentes »
Dans le cadre des programmes de recherche Popstar (financé par l’Ifremer) puis FishNchip (financement FEAMP, mesure 40), les marques électroniques mises au point par les chercheurs de l’Ifremer (Unités RDT, DOI, MARBEC) et du LIRMM (CNRS/Université de Montpellier) permettront non seulement de calculer la trajectoire grâce à des modèles océanographiques basés sur des paramètres comme la température, la lumière ou la pression mais travaillent aussi sur des capteurs qui fournissent des mesures embarquées sur la physiologie du poisson synchronisées avec sa localisation. Une première !
Nouveaux prototypes en germe
Ces données sont autant de clés pour comprendre le comportement surprenant de ce poisson et viendront aussi enrichir la réflexion de la Commission Internationale pour la Conservation des Thons de l’Atlantique, en décrivant a plus large échelle et en aidant à comprendre la dynamique migratoire des thons, notamment en réponse au changement climatique. Bientôt les échappées belles des thons auront peut-être moins de secrets pour les scientifiques mais elles n’en conserveront pas moins leur fascinante magie ! Prochaines étapes de ces révélations sur le thon : le déploiement de marques électroniques supplémentaires et des premiers prototypes embarquant le capteur physiologique développé par le LIRMM.