À quels contaminants chimiques les surfeurs et baigneurs sont-ils exposés lors de leurs activités en mer ?
Surfeurs, nageurs, plongeurs… Ils passent des heures en mer chaque mois, voire chaque semaine pour les plus férus. Conscients que la mer est le réceptacle de nombreuses pollutions anthropiques, ils sont de plus en plus nombreux à s’interroger sur leur possible exposition à des contaminants chimiques. Leur pratique a-t-elle des impacts sur leur santé ? Aucune donnée scientifique ne permet de le savoir aujourd’hui, les agences régionales de la santé (ARS) n’évaluant la qualité des eaux de baignade qu’au regard de leur contamination microbiologique (bactéries).
Face à cette préoccupation, Surfrider Fondation Europe se rapproche de l’Ifremer en avril 2020. Farida Akcha, écotoxicologue au centre Ifremer Atlantique à Nantes, leur propose alors une idée : pourquoi ne pas équiper les pratiquants d’échantillonneurs passifs utilisés pour la surveillance de la contamination chimique en mer ? Le projet Curl est lancé et financé par le LabEx COTE.
Un équipement pratique et simple d’utilisation
Pour mettre au point ce kit, les scientifiques ont détourné des échantillonneurs dits passifs – qui captent certains composés chimiques ciblés présents dans l’eau de mer - de leur mode d’utilisation classique avec à la clé deux défis à relever : créer un équipement assez discret pour ne pas gêner la pratique sportive et s’assurer que les données obtenues sont fiables.
La première étape a consisté à développer un équipement ad hoc pour placer l’échantillonneur sur le sportif volontaire sans nuire à la qualité de l’échantillonnage ni à la simplicité de l’activité. Pour ce faire, les équipes du projet ont reçu l’aide du centre de recherche et de développement de Décathlon (Water Sports Center d’Hendaye) qui a développé une guêtre que le volontaire enfile sur son mollet.
30 à 100 h d’immersion pour mesurer leur exposition aux cocktails chimiques
Pour accumuler suffisamment de contaminants chimiques présents dans l’eau à l’état de traces, les échantillonneurs doivent être immergés entre 30 h et 100 heures de manière discontinue. Plusieurs pratiquants se partagent ainsi le même kit d’échantillonnage en veillant à le stocker au réfrigérateur entre chaque utilisation.
À partir de ces concentrations, des modèles permettront d’estimer les doses de ces contaminants qui pénètrent dans le corps et d’évaluer ainsi les risques pour la santé.