La télémétrie acoustique : un outil pertinent pour la gestion de la langouste rouge dans la Manche ?
Suivi d'abondance de la langouste rouge en plongée le long de transects.
Crédit : Ifremer, Xavier CAISEY
Le Parc naturel marin d’Iroise (PNMI), l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), et le Comité départemental des pêches maritimes et des élevages marins du Finistère (CDPMEM 29) coordonnent depuis 2009 un suivi de l’espèce sur le cantonnement de Sein. À plus large échelle, pêcheurs et scientifiques ont développé le marquage des langoustes, rendu obligatoire sur l’ensemble de la façade Manche-Atlantique en 2021. Les données collectées grâce au marquage viennent enrichir les connaissances biologiques et écologiques relatives à cette espèce, jusqu’alors peu étudiée.
Erwan Quemeneur, Comité des pêches du Finistère (CDPMEM 29), partenaire du projet : « Depuis 2001, les pêcheurs du Finistère se mobilisent pour préserver le stock des langoustes en améliorant sa gestion. La mise en place du cantonnement de Sein a permis d’observer une nette amélioration du stock avec une augmentation de la densité, de la biomasse et du nombre d’individus juvéniles dans la zone mais aussi dans l’ensemble de l’aire de répartition de la langouste. Ce succès a favorisé d’autres initiatives comme le programme de marquage de 10 000 langoustes entre 2015 et 2017 sur les façades Manche et Atlantique. Le projet FISH INTEL nous permettra d’aller plus loin dans nos connaissances de l’espèce et de ses habitats et d’améliorer plus encore sa gestion ».
Comment la langouste utilise-t-elle son espace de vie ? Où vit-elle l’hiver ?
Dans le cadre d’une gestion écosystémique des pêches, les scientifiques cherchent aujourd’hui à connaître les déplacements de la langouste rouge et l’utilisation des différents habitats qu’elle fréquente. Les méthodes utilisées actuellement (marquage-recapture et plongées sur site) ne fournissent que des informations parcellaires sur l’écologie de la langouste. La télémétrie acoustique, au contraire, permet un enregistrement constant de données, en fixant sur les individus des marques acoustiques qui émettent des ondes sonores à intervalles réguliers. Ces ondes sont réceptionnées et enregistrées par des récepteurs disposés sur le fond. Environ 50 langoustes seront suivies au sein du réseau FISH INTEL sur des zones à définir en commun avec les professionnels en Manche et Mer d’Iroise. Le positionnement spécifique des récepteurs renseignera à une échelle fine les déplacements des individus.
Martial Laurans, Ifremer, partenaire du projet : « A travers le projet FISH INTEL, nous allons expérimenter à l’échelle de la Manche la télémétrie acoustique pour collecter des données biologiques et écologiques précieuses sur la langouste rouge, notamment sur son comportement en période hivernale. Mené des deux côtés de la Manche, ce projet donnera lieu à des comparaisons d’études de cas dans des contextes environnementaux différents ».
Claire Laspougeas, Parc naturel marin d’Iroise (PNMI), organisme soutenant le projet : « Le PNMI est chargé avec l’Ifremer du suivi de l’efficacité du cantonnement à crustacés de la chaussée de Sein. Outre une abondance en hausse, les résultats montrent une sédentarité saisonnière d’une partie importante des langoustes observées, mais la question du comportement de la langouste en période hivernale reste entière. FISH INTEL permettra d’y répondre, et, plus largement, de mieux comprendre le rôle fonctionnel des espaces très côtiers pour des populations à large distribution ».
Pour vous inscrire au 1er Webinaire public du projet FISH INTEL qui se tiendra en ligne le mardi 30 novembre de 10h30 à 12h30 (heure de Paris), rendez-vous sur : https://plymouth.onlinesurveys.ac.uk/fish_intel_project_registration. L’événement sera interprété en français et en anglais. Il est ouvert à tous.