Coquilles Saint-Jacques : une abondance toujours forte en baie de Seine et une année record en baie de Saint-Brieuc
Deux campagnes d’évaluation des populations de coquilles Saint-Jacques sont menées par l’Ifremer chaque année sur les deux principales zones à coquilles Saint-Jacques (gisements) françaises. La première, en baie de Seine, a eu lieu du 26 juin au 13 juillet 2023. La seconde, en baie de Saint-Brieuc, s’est déroulée du 5 au 20 septembre 2023.
Plus de 88 000 t de coquilles exploitables en baie de Seine
Sur la zone qui va de Barfleur (50) au cap d’Antifer (76), le niveau d’abondance de coquilles Saint-Jacques, quoiqu’en léger retrait par rapport au record de 2022, est le deuxième plus haut observé depuis 50 ans. La biomasse totale exploitable, c’est-à-dire la quantité (en tonnes) de coquilles Saint-Jacques qui ont atteint la taille minimale réglementaire de 110 mm, sur l’ensemble de la zone est estimée à plus de 88 000 t (dont plus de 72 000 t dans la seule baie de Seine stricto sensu). Contrairement aux années précédentes, les scientifiques n’ont pas observé de retard de croissance des coquilles : plus de 90% de la biomasse devrait avoir atteint la taille minimale réglementaire dès l’ouverture de la saison de pêche.
Le reliquat de coquilles de plus de 2 ans après une année complète d’exploitation est abondant mais inférieur au niveau de 2022. Ce constat a surpris les scientifiques qui s’attendaient à un reliquat plus important vu le record de biomasse au début de la saison 2022-2023. Il s’explique par une augmentation significative de l’effort de pêche, avec 28 000 t de coquilles Saint-Jacques débarquées en Manche Orientale lors de la saison écoulée contre près de 25 000 t la saison précédente.
Quant à l’abondance de la nouvelle génération de jeunes coquilles d’un an, elle dépasse toutes les estimations réalisées en baie de Seine depuis 50 ans. Cela confirme la bonne santé de la population, et laisse présager des prévisions records pour 2024, sous réserve que ces juvéniles, déjà de grande taille au moment de la campagne, ne soient pas pêchés avant d’avoir participé à la reproduction.
Plus de 61 000 t en baie de Saint-Brieuc grâce à une gestion durable de la pêche
Dans la baie de Saint-Brieuc, la biomasse totale immédiatement exploitable (de 102 mm ou plus) annoncée aujourd’hui est de 61 300 t, une augmentation de 30 % par rapport à l’année 2022 déjà exceptionnelle.
Mais elle pourrait atteindre 78 200 t à la fin de l’année (milieu de la saison de pêche) selon la croissance des coquilles au fil de la saison. La biomasse totale tous âges confondus dépasse cette année 92 000 t, en augmentation de 5% par rapport à 2022, ce qui marque cette année un nouveau record sur les derniers 62 ans. La biomasse adulte quant à elle a augmenté de +13% par rapport à l’an dernier.
Ces chiffres confirment pour le moment la tendance favorable observée depuis le milieu des années 2010, en lien avec la gestion mise en place par les pêcheries françaises. On peut citer notamment la diminution globale de l’effort de pêche par la mise en place de dates et d’horaires de pêche, l’amélioration de la sélectivité des engins avec l’utilisation d’anneaux de drague plus grands, ou encore la mise en place en baie de Seine d’une zone de jachère qui change chaque année.
Les campagnes COMOR (Coquilles Manche orientale) ont démarré au milieu des années 1970 et les campagnes COSB (Coquilles Saint-Brieuc) dans les années 1960. L’objectif principal est d’estimer la biomasse exploitable (volume, distribution géographique, structure de la population) de coquilles Saint-Jacques Pecten maximus respectivement en baie de Seine et en baie de Saint-Brieuc. Les résultats issus de ces campagnes servent de base scientifique pour la mise en place des mesures de gestion régionale prises par les organisations professionnelles et l’administration des pêches. Ces campagnes impliquant un partenariat entre les scientifiques et les professionnels ont été co-financées par l’Union européenne via le Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche et de l’Aquaculture (FEAMPA), avec la participation de France Filière Pêche (FFP) et de l’Ifremer.