Comment répondre au défi d’une aquaculture marine durable ? L’avis du Comité des parties prenantes de l’Ifremer
La France et l’Ifremer : un rôle à renforcer dans le paysage mondial de l’aquaculture
Pour sécuriser l’approvisionnement en protéines et en omégas 3 d’une population mondiale qui devrait atteindre neuf milliards de personnes en 2050, l’aquaculture marine devrait passer d’une production annuelle mondiale de 31 millions de tonnes de mollusques, poissons et crustacés en 2018 à 74 millions de tonnes1 . Aujourd’hui, moins de 1 % de la production aquacole mondiale2 provient d’Europe. En France, l’aquaculture marine est dominée par la filière conchylicole (145 000 tonnes par an), puis piscicole (43.000 tonnes3 par an) suivie de l’algoculture (350 tonnes par an4 ).
Fort de ses compétences scientifiques et techniques et de ses infrastructures, l’Ifremer a joué un rôle majeur dans le développement de ces filières dans l’hexagone (notamment la conchyliculture) et dans les outre-mer (notamment la crevetticulture en Nouvelle-Calédonie). Pour la pisciculture en revanche, les développements ont principalement eu lieu sur le pourtour méditerranéen (Turquie, Grèce).
Les préconisations du Comité des parties prenantes à l’attention de l’Ifremer
A l’issue de 18 mois d’échanges, d’auditions et d’analyses, les membres du comité ont formulé des préconisations à l’attention de l’Ifremer et d’autres acteurs concernés par l’aquaculture marine.
Une autre préconisation repose sur la nécessité de travailler sur la réduction des impacts négatifs des activités aquacoles sur l’environnement naturel. Il importe ainsi de trouver des alternatives pour nourrir les espèces carnivores afin de réduire la dépendance de ces filières à la ressource halieutique mais aussi plus largement de limiter les effets néfastes de l’aquaculture sur les écosystèmes (liés aux traitements de l’eau et des rejets, dépôts de fèces organiques, produits chimiques de traitement ou encore pollutions plastiques…).
La nécessité d’un soutien institutionnel fort
Le comité des parties prenantes soutient que la transition vers une aquaculture durable aux capacités renforcées en France ne se fera pas sans un soutien institutionnel fort créant les conditions en France du développement de filières aquacoles durables et respectueuses de l’environnement. Cette position a été largement partagée par la vingtaine d’acteurs auditionnés par le comité.
Le lancement d’une nouvelle saisine sur les grands fonds marins
Cette réunion plénière fut également l’occasion de lancer la prochaine saisine auquel le comité des parties prenantes devra répondre sur les grands fonds marins. L’Ifremer souhaite en effet s’appuyer sur ses préconisations dans la construction des questionnements scientifiques du programme et équipement prioritaire de recherche (PEPR) « Grands fonds marins ». Le comité des parties prenantes s’est ainsi imprégné des initiatives existantes, notamment des travaux en cours menés par le Comité d’éthique en commun INRAE-Cirad-Ifremer-IRD et l’expertise scientifique collective coordonnée par l’IRD.
Notes
- 1FAO 2020, The State of World Fisheries and Aquaculture
- 2Cour des comptes européenne, 2023
- 3Chiffre- clés France Agrimer 2018 - Conchyliculture : huitres, moules et autres coquillages - Pisciculture : truite et saumon, poissons marins et poissons d’étang
- 4Enquête Aquaculture 2020- Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation
Le comité des parties prenantes
Créé en novembre 2021 dans une démarche d’ouverture à la société, ce comité consultatif, placé auprès du conseil d’administration de l’Ifremer, a pour vocation de guider et accompagner l’institut dans l’intégration de la dimension sociétale au cœur de ses programmes de recherche et dans sa mission de diffusion de la connaissance vers la société. Il rassemble 22 acteurs tous concernés par les enjeux liés à l’océan : entreprises, artisans et salariés du secteur maritime, associations et ONG, citoyens, collectivités. Tous les membres ont été nommés intuitu personae, à l’issue d’un appel à candidature public largement diffusé. La coordination et l’animation du comité ont été confiées à deux co-présidents : Geneviève Pons et Sébastien Treyer.