Comment aider la nature à reconquérir un espace marin colonisé par l’homme ?
Les petits fonds côtiers sont des habitats essentiels pour de nombreuses espèces de poissons : elles y grandissent avant de pouvoir rejoindre leurs zones de vie adultes. Or, ces zones essentielles à leur développement sont souvent dégradées par les aménagements des zones côtières (ports, digues, etc.).
Une solution consiste à fixer des habitats artificiels au service de la réhabilitation des milieux naturels. En juin, des récifs et des herbiers artificiels ont ainsi été immergés dans la rade de Toulon, le long des quais de la Darse Ifremer et du Vieux Port de La Seyne-sur-Mer. L'enjeu écologique global de cette action est de redynamiser les fonctions écologiques du milieu côtier.
Des solutions pour la restauration et le retour de la biodiversité marine
Les herbiers artificiels, ou « roselières », reproduisent les habitats des espèces marines locales en mimant les caractéristiques des herbiers de Posidonie méditerranéens. Les blocs en béton, réalisés en impression 3D, visent à recréer des cavités pour abriter les poissons. Ces solutions ont été développées par la start-up montpelliéraine Seaboost. Des suivis seront effectués par des biologistes en plongée sur site, et pour la première fois par des outils innovants de surveillance à distance : acoustique, stéréo-caméras, reconnaissance automatique de poissons.
Associant, des gestionnaires, un institut de recherche et une entreprise privée, ce projet est aujourd’hui le plus important en Méditerranée.
Trois autres sites portuaires de la rade de Toulon sont d’ores et déjà équipés de solutions de restauration écologique et travaillent avec l’Ifremer pour leurs suivis. D’autres ports suivront, faisant de la rade de Toulon un site pilote pour l’étude de l’impact à grande échelle de telles solutions sur les populations de poissons.
La restauration écologique : une question indissociable de celle de la contamination chimique
La restauration écologique ne peut être envisagée que lorsque les conditions environnementales sont satisfaisantes. Une attention particulière est portée sur la contamination chimique en Méditerranée. Sur ce point, les réseaux de surveillance et études mis en œuvre par l’Ifremer sur les masses d’eau côtières au cours des 20 dernières années montrent que la tendance globale est à l’amélioration :
- Pas de hausse significative des niveaux de contamination ;
- Des niveaux constants en contaminants et inférieurs aux normes de qualité environnementale pour la grande majorité des sites suivis ;
- Quelques foyers de contamination historique qui perdurent malgré tout dans certains secteurs identifiés (Marseille, Toulon ou Nice). Mais les efforts d’assainissement des dernières décennies ont globalement porté leurs fruits, malgré une augmentation générale de la population côtière.
Dans les lagunes méditerranéennes, la tendance n’est pas la même. Ces milieux sont plus fermés et leurs masses d’eaux moins brassées. Les contaminants chimiques y sont moins dilués et donc plus persistants.
Ces résultats sont issus du réseau RINBIO (100 points suivis tous les 3 ans sur la Méditerranée), utilisant des stations artificielles de moules. En filtrant l’eau de mer, ces organismes sentinelles concentrent différentes substances présentes dans l’environnement marin (métaux, hydrocarbures, PCB…). Les niveaux mesurés dans les organismes, ayant séjourné plusieurs mois dans l’eau, sont représentatifs de l’état de contamination du milieu dans lequel ils vivent.