Que sont les pesticides ?
Les pesticides sont des produits qui permettent de lutter contre les (sidenote: Ravageurs Ce sont les organismes vivants (insectes, rongeurs, microorganismes...) qui causent des dégâts sur les plantes cultivées. Certains mangent les plantes, d’autres font des dégâts en piquant les plantes, en s’y installant ou en les parasitant. ) et les plantes adventices (celles qu’on appelle souvent les « mauvaises herbes »). Ils sont utilisés en agriculture mais aussi pour la protection du bois, dans l’industrie ou encore en médecine vétérinaire. Les pesticides utilisés sur les continents se retrouvent dans l’océan, soit par ruissellement (via les cours d’eau), soit via les airs.
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Où trouve-t-on des pesticides dans les océans ?
Les molécules qui composent les pesticides peuvent se retrouver dans l’eau de mer sous leur forme initiale. Elles peuvent aussi avoir été transformées par les microorganismes, ou par réaction chimique. Ces molécules issues des pesticides sont présentes partout dans l’océan, de l’équateur aux pôles et de la surface aux abysses. Elles sont le plus souvent à faibles concentrations.
L'Ifremer et INRAE2 ont coordonné un travail d'expertise scientifique collective sur la contamination par les pesticides et leurs effets sur la biodiversité. Cet état des lieux, publié en 2022, pointe en particulier la contamination du milieu marin et le besoin de connaissances sur l'impact des pesticides sur la biodiversité marine et les services qu’elle nous rend.
Expertise scientifique collective sur les pesticides
L’Ifremer surveille la pollution des eaux marines
Un suivi réglementaire pour protéger la qualité de l’eau
L’Ifremer suit une dizaine de pesticides dans le milieu marin, en application de la Directive Cadre sur l’Eau. Cette directive harmonise la réglementation européenne et oblige à protéger la qualité des eaux et des milieux aquatiques. L’Ifremer développe des méthodes d’analyses et des dispositifs d’observation des contaminants chimiques. Les mesures sont réalisées par l’institut ou sous-traitées à des laboratoires accrédités. Les données sont ensuite expertisées et transmises aux services de l'État.
Des méthodes d’analyse innovantes pour des pesticides dilués, difficiles à détecter
Dans l’eau de mer, les pesticides sont fortement dilués et difficiles à quantifier. Pourtant, ils peuvent s’accumuler : dans les sédiments des fonds marins, dans les végétaux et les animaux. L’Ifremer développe donc des méthodes d’analyse des contaminants plus poussées. Les scientifiques accumulent les pesticides sur des membranes immergées pendant plusieurs semaines, afin de faciliter leur analyse (échantillonneurs passifs, mollusques bivalves, sédiments). Les concentrations ainsi mesurées sont comparées à celles fixées par la réglementation dans l’eau.
Surveiller l’apparition de nouvelles substances
Les usages de pesticides à terre évoluent. L’Ifremer anticipe les pollutions marines de demain et traque l’apparition de nouvelles molécules. L’institut développe les méthodologies de prélèvement et d’analyse adaptées.
Aux Antilles, l’Ifremer a cartographié le chlordécone en mer
Cet insecticide, reconnu toxique et très persistant dans l'environnement, était utilisé dans les bananeraies en Martinique et en Guadeloupe de 1972 à 1993. Très présent à terre, il contamine le milieu marin par ruissellement et infiltration. Certaines zones les plus contaminées font l’objet d’interdictions de pêche, totales ou partielles, par les pouvoirs publics. L'Ifremer a cartographié depuis 2002 la présence de la molécule dans la faune marine pêchée. Une cartographie renouvelée à partir de 2025 pour suivre l’évolution de la contamination. L’institut réalise aussi des mesures dans l’eau de mer, en mettant au point des outils de mesure automatiques, même à des concentrations très faibles.
Le réseau de surveillance ROCCH : des données depuis 1974
Le Réseau d’observation de la contamination chimique du littoral (ROCCH) assure le suivi dans le temps des niveaux de contamination chimique du littoral. Les analyses portent sur le sédiment fin, qui piège certaines molécules, et les mollusques (huîtres creuses, moules), qui concentrent les polluants dans leur chair. La liste des molécules suivies évolue en permanence, afin de répondre aux enjeux sociétaux.
Le Réseau d'Observation de la Contamination CHimique du littoral (ROCCH)
Les effets sur les organismes marins sont encore mal connus
Jusque récemment, les études de l’impact des pesticides sur les écosystèmes marins ont été peu nombreuses. Le travail est encore vaste pour appréhender les conséquences sur la reproduction, le comportement et la longévité des organismes marins. L’Ifremer développe des travaux sur différentes espèces animales marines depuis plus de 20 ans et a été précurseur dans ce domaine. L’institut étudie l’impact des pesticides sur le phytoplancton, les poissons ou bien encore les huîtres. Les recherches portent à la fois sur les effets de chaque molécule, mais aussi sur les effets de cocktails de molécules, dont l’action conjuguée peut augmenter les effets sur les organismes marins.
Les herbicides sont le plus souvent solubles dans l’eau, ce qui les rend particulièrement (sidenote: Biodisponibilité Ce terme désigne la proportion d’une substance qui va effectivement agir dans un organisme, par rapport à la quantité de produit absorbée. Les organismes arrivent à rejeter une partie de ce qu’ils absorbent. ) . Les herbicides ciblent les plantes aquatiques et notamment le phytoplancton qui est à la base des chaînes alimentaires marines, mais ont aussi des effets sur les animaux marins. Les écotoxicologues de l’Ifremer ont par exemple mis en évidence la toxicité du diuron - un herbicide - sur le génome des embryons d’huîtres creuses.
La lutte contre cette pollution des océans se passe à terre
La plupart des pesticides en mer proviennent de la terre
C’est donc là que sont prises les mesures de réduction. Au fil des années, les produits les plus toxiques ont été interdits. Ils sont remplacés par des produits réputés moins nocifs et du contrôle biologique (par des insectes, virus…). Les méthodes d’application se sont améliorées pour limiter les pertes dans l’environnement.
Les améliorations peuvent prendre du temps
On retrouve encore des molécules interdites depuis plusieurs dizaines d'années. Cependant, leur concentration a tendance à diminuer avec le temps.