Vers une observation intégrée des milieux littoraux et côtiers à l’échelle nationale et européenne

De gauche à droite : Laurent Delauney, coordinateur du projet européen JERICO (Joint European Research Infrastructure of Coastal Observatories) et Alain Lefebvre, codirecteur de l’Infrastructure de recherche LIttorale et COtière (ILICO).
CC BY Stéphane Lesbats — Ifremer
Des infrastructures de recherche au service d’une observation scientifique renforcée
L’histoire des infrastructures ILICO et JERICO s’inscrit dans un contexte de coopération internationale pour faire face à la complexité des milieux littoraux et côtiers. Le projet ILICO a vu le jour dans les années 2000, suite à un besoin croissant d'harmoniser les systèmes d’observation de ces milieux en France. L’initiative a été portée par des institutions comme l’Ifremer et le CNRS, en collaboration avec d'autres acteurs publics et privés, pour répondre à un environnement marqué par une grande diversité écologique et de multiples pressions humaines. L’IR ILICO a été officiellement labellisée en 2016, renforçant ainsi sa visibilité au niveau national et son rôle dans la stratégie de recherche scientifique sur les milieux littoraux.
De son côté, JERICO est né d’une vision européenne plus large. Depuis ses débuts en 2010, ce projet réunit 17 pays et 600 systèmes de mesure côtiers à travers l’Europe. L'objectif de JERICO est d'harmoniser les pratiques d’observation des milieux littoraux, tout en développant des services et activités favorisant des politiques publiques efficaces. JERICO se distingue par sa capacité à fédérer des pays et des chercheurs à l’échelle européenne, apportant une réponse intégrée aux enjeux de l’économie bleue, des énergies marines renouvelables et des écosystèmes côtiers. Actuellement, JERICO se trouve dans sa troisième phase, JERICO-DS (Design Study), avec l’ambition de devenir un European Research Infrastructure Consortium (ERIC), une entité juridique qui lui permettra de renforcer la collaboration européenne.
Une synergie au service des objectifs scientifiques communs
Les deux projets, bien que distincts, se complètent parfaitement. ILICO, en s’appuyant sur des données collectées à l’échelle nationale, alimente des projets scientifiques qui couvrent l’ensemble du territoire, y compris les régions d’outre-mer. Cette approche permet de fédérer des compétences variées et de contribuer à la création d’une communauté scientifique européenne unifiée. Alain Lefebvre, codirecteur d’ILICO, met l'accent sur cette démarche collaborative : « C’est en fédérant à l’échelle du pays et en travaillant ensemble à l’échelle européenne que nous pourrons mieux observer et comprendre le fonctionnement des milieux littoraux et côtiers. »
Laurent Delauney, coordinateur du projet JERICO, souligne également l’importance de cette collaboration européenne : « JERICO permet de gagner en efficacité en s'ouvrant au-delà des frontières nationales. Grâce à cette dimension européenne, nous pouvons intégrer davantage de données, optimiser les recherches et favoriser des solutions aux enjeux environnementaux et économiques communs. »
Des avancées scientifiques concrètes et mesurables
Grâce à leurs approches intégrées, JERICO et ILICO ont déjà permis de mettre en évidence des résultats significatifs concernant l’évolution des environnements littoraux et côtiers. L’un des exemples majeurs pour ILICO est le suivi de la dynamique et de la biodiversité du phytoplancton, qui joue un rôle essentiel dans le réseau trophique marin. Ces données permettent d’analyser les changements dans la composition biologique des masses d’eau, ainsi que l’impact de divers facteurs, tels que les pressions humaines et le changement climatique.
De son côté, JERICO-NEXT a par exemple permis de mettre en évidence en 2019 des traces de pollution humaine, telles que des antibiotiques, des herbicides et des hydrocarbures, dans les eaux côtières, mais aussi au large. Ces résultats illustrent l'importance de l’approche intégrée de JERICO, qui relie les systèmes d’observation de différentes régions européennes.
L’objectif ultime des projets ILICO et JERICO est de contribuer à une meilleure gestion des milieux littoraux et côtiers, en améliorant les connaissances sur leur évolution et leur vulnérabilité face aux pressions environnementales. Ces infrastructures visent à fournir aux décideurs politiques et aux chercheurs des données fiables pour anticiper les impacts du changement climatique, ainsi que pour développer des stratégies de gestion durable des ressources marines.