Tendance favorable depuis 20 ans : des efforts à poursuivre
La science a contribué à cette évolution favorable des populations. La progression des connaissances a permis d’éclairer les gestionnaires et d’appuyer leurs décisions. La part des espèces non évaluées dans les débarquements français a baissé de 23% en 2000 à 17% en 2019. De la même manière la part des populations non classifiées est passée de 13% en 2000 à 6% en 2019. Il est donc aujourd’hui possible de prévoir l’évolution des principales populations exploitées selon différents scénarios de gestion et surtout de déterminer les niveaux de prélèvements compatibles avec l’objectif de développement durable.
C’est grâce aux alertes scientifiques sur l’effondrement du merlu en golfe de Gascogne et en mer Celtique, qu’un plan d’urgence a été décidé à la fin des années 90 avec plusieurs mesures restrictives : quotas, augmentations de maillages des engins de pêche et fermeture de zones. Ce plan a porté ses fruits et la biomasse des reproducteurs est maintenant à un niveau très élevé.
Le scénario est comparable pour le thon rouge en Méditerranée, qui a connu une forte surexploitation dans les années 1990 – 2000. « Un plan de gestion, renforcé en 2009, a permis de réduire la mortalité par pêche suivant les seuils préconisés par les scientifiques. Depuis, la population est en cours de reconstitution », signale Jean-Marc Fromentin, biologiste à l’Ifremer, et membre de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité). A l’exception du thon rouge, la situation reste très préoccupante en Méditerranée.
Par l’amélioration des connaissances sur la biologie et la dynamique de ces populations, l’utilisation d’outils de pêche plus sélectifs, l’adoption des quotas permettant la restauration des populations, et l’ajustement des capacités de pêche aux ressources disponibles, le secteur de la pêche profite aujourd’hui de ressources globalement exploitées à des niveaux plus durables. La profitabilité de la pêche a augmenté de 80% depuis 2008 en Europe (rapport annuel 2019 du CSTEP) et les tendances sont similaires en France, avec cependant une diversité des situations locales. Un maintien à des niveaux plus durables des ressources et des capacités de pêche est aussi source de profits plus durable.