Série Rivages : Qu’aurait répondu l’Ifremer à Sylvia par rapport à la mise en place d’éoliennes dans la rade de Fécamp ?

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Eoliennes en mer
Avez-vous vu la première diffusion de Rivages sur France 2 ? Cette mini-série est une fiction, entre thriller écologique et fantastique, qui nous offre l’occasion de revenir sur certains faits scientifiques.

Dans les premiers épisodes, un lien entre les impacts sur la biodiversité et les vibrations d'éoliennes en mer est fait. Qu’en disent les scientifiques de l’Ifremer ?

Les impacts sur la biodiversité des éoliennes en mer sont un sujet vaste qui fait actuellement l’objet de nombreuses études. Les vibrations sont générées par le bruit des outils et engins déployés au cours des travaux, mais aussi par le mouvement des pales en rotation lors de la production d’électricité.

1. L'effet du bruit sous-marin : un enjeu lors des travaux d’installation

Prospection sismique pour caractériser les fonds marins, forage ou battage des pieux d’installation des futurs mâts… La construction des parcs éoliens génère du bruit sous-marin pouvant perturber la faune marine. Les impacts du bruit des travaux sur les poissons et les invertébrés sont encore peu étudiés en milieu réel, néanmoins certaines études démontrent que le son serait bien source de stress pour les coquilles Saint-Jacques. D’autres sur les mammifères marins montrent quant à elles des comportements d’évitement et une baisse de la communication entre les individus. Pour ces derniers, les impacts observés sont généralement de court terme, mais ils varient en fonction de la sensibilité des espèces et selon la configuration géographique des sites.

Pour l’éolien flottant, les niveaux sonores générés pendant l’installation seraient plus faibles - comparables aux bruits des navires -, avec une emprise réduite sur les fonds marins. Mais attention, dans tous les cas, ces sons s’ajoutent à ceux liés aux autres activités humaines (transport maritime, pêche...) et c’est l’impact cumulé de ces pressions qui doit être évalué pour garantir l’intégrité des écosystèmes marins.

2. Des effets cumulés sur les écosystèmes marins

Outre le bruit et les vibrations, d'autres facteurs liés aux parcs éoliens peuvent impacter le milieu marin au cours des travaux d’installation des parcs, de leur exploitation et de leur démantèlement. On peut citer par exemple la modification de la nature des fonds marins, celle des courants et des champs électromagnétiques localement, ou la pollution chimique. Une étude a été menée sur le comportement des homards vis-à-vis de l’intensité de champ magnétique ; elle démontre que leurs habitudes ne sont pas modifiées et qu’ils n’ont pas plus de difficultés à s’orienter. Ces facteurs agissent de manière concomitante sur les milieux et les espèces marines, et leurs effets s’ajoutent à ceux du changement climatique et des autres usages maritimes. Une approche de précaution est de mise. 

3. Prédire et minimiser les impacts

L’objectif de l’Ifremer est de caractériser comment les espèces et les habitats marins réagissent à ces différents facteurs de perturbation et de mieux comprendre leurs interactions, pour identifier les zones de moindre impact et minimiser les perturbations sur l’environnement marin. Le travail réalisé permet d’anticiper les problématiques écologiques et les répercussions économiques que représentent les énergies marines renouvelables (EMR) sur chaque façade maritime par rapport à l’ensemble des activités humaines en mer. L’Ifremer travaille sur plusieurs programmes de recherche menés en collaboration avec d’autres acteurs de la recherche, en France comme à l’étranger. Pour cela, l’Institut s'appuie sur des moyens d'essais (bassins, site d'essais), son expérience d’observation du milieu marin, ses compétences en modélisation des écosystèmes, et son réseau de partenaires. Il met son expertise au service des décideurs publics à toutes les étapes de développement de l’éolien en mer, pour aider au choix des zones d’installation des parcs en prenant en compte la sensibilité des écosystèmes marins, et pour garantir un suivi rigoureux des impacts sur les ressources de pêche, les fonds marins et la qualité de l’eau. L’institut accompagne également le développement de systèmes EMR innovants avec objectif de limiter leur impact environnemental. L’ambition est de produire des connaissances et des solutions pour concilier performance des installations EMR et limitation de leurs impacts sur la biodiversité marine et les usages maritimes.