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Évènements extrêmes

Mieux comprendre l’évolution des niveaux marins extrêmes

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plongeurs récupérant une structure hébergeant un instrument destiné à mesurer les niveaux marins extrêmes

De décembre 2023 à avril 2024, trente capteurs ont été installés au fond de l'eau pour mesurer les niveaux marins extrêmes au large de la plage des Blancs Sablons (Le Conquet, Finistère).

Dans le contexte du changement climatique, des scientifiques de l’Ifremer et du CNRS travaillent à mieux comprendre l’évolution des niveaux marins extrêmes dans le cadre du projet ClimEx, financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR).

L’évolution du niveau moyen des océans est assez bien connue dans le contexte du changement climatique : le niveau moyen des océans a globalement augmenté de 20 cm depuis 1900, le phénomène s’est accéléré depuis les années 90 et il se poursuit actuellement à un rythme de 3 mm par an. Mais les connaissances sont plus limitées sur les niveaux extrêmes.

Lucia Pineau-Guillou
chercheuse au laboratoire d’Océanographie physique et spatiale (LOPS) à l’Ifremer
et responsable du projet ClimEx

La combinaison du niveau moyen des océans, des marées et des surcotes liées aux tempêtes peut faire varier le niveau de la mer de quelques dizaines de centimètres à plusieurs mètres supplémentaires et contribuer ainsi aux inondations côtières et à l’érosion du littoral. Dans le cadre du projet ClimEx lancé en 2022, des scientifiques brestois cherchent à  comprendre comment les niveaux marins extrêmes ont varié sur les 150 dernières années, s’ils sont plus élevés et plus fréquents, et quelle est la cause de ces changements.

Les surcotes de tempêtes sont dues aux dépressions atmosphériques et à l’action du vent qui pousse les paquets de mer à terre. Ce qui est moins connu, c’est qu’elles peuvent être amplifiées lorsque les vagues déferlent. Pour caractériser ce déferlement, 30 capteurs spécialement conçus ont été déployés au large du Conquet (Finistère), une zone fortement exposée aux vents et aux vagues. Ces nouveaux capteurs de pressions, reliés à des bouées sous la surface de l’eau, ont l'avantage de pouvoir rester installés plusieurs mois au fond. Ils ont permis de mesurer l’élévation du niveau de mer généré par le déferlement de vagues de décembre 2023 à avril 2024.

Au-delà de l’observation sur le terrain, les scientifiques cherchent à identifier les facteurs qui sont à l’origine des niveaux marins extrêmes grâce à des méthodes statistiques innovantes et des modèles numériques.

« Un événement de tempête extrême, est-il dû à une combinaison exceptionnelle de facteurs météorologiques et océaniques rares ou faut-il y voir l’impact des activités humaines ? Pour l’instant, nous manquons encore de recul sur cette question, explique Lucia Pineau-Guillou. Le projet Climex devrait nous apporter de premières réponses d’ici 2025 pour mieux prévoir ces phénomènes et aider à terme les décideurs et les gestionnaires à prendre des mesures adaptées. »

Un colloque international sur la hausse du niveau marin hébergé à Brest

Du 4 au 6 juin 2024, plus de 80 scientifiques sont réunis à Brest à l’initiative des équipes du Laboratoire d’Océanographie Physique et Spatiale (unité mixte de recherche de l’Ifremer, du CNRS, de l’Université de Bretagne Occidentale et de l’Institut de Recherche et Développement) lors du International Sea Level Workshop. Ce colloque permettra de favoriser les passerelles entre la modélisation à grande échelle sur l’océan global jusqu’à la petite échelle dans les zones côtières.