Clara Ulrich reçoit le prestigieux Outstanding Achievement Award du Conseil international pour l'exploration de la mer !
L'outstanding Achievement Award : un prix prestigieux
Le CIEM regroupe près de 6000 scientifiques de la mer dont les travaux sont axés sur l'avancement de la compréhension des écosystèmes, la collecte de données essentielles pour créer des connaissances scientifiques et des conseils, et fournir des preuves pour la prise de décision. Chaque année, il honore un de ses membres avec ce prix qui reconnait son leadership au sein du CIEM, et son engagement continu pour l'excellence, la science et la recherche.
Un prix qui récompense les grandes avancées scientifiques auxquelles elle a contribué
Pour Clara Ulrich, ce prix récompense une carrière de recherche et d'expertise consacrée au sujet des pêcheries mixtes (c'est-à-dire les pêcheries peu sélectives qui capturent plusieurs espèces en même temps) dans le cadre de la Politique Commune (européenne) de la Pêche (PCP), à la frontière entre science et politique.
Entre 1997 et 2000, elle réalise sa thèse sur le sujet des pêcheries mixtes de la Manche à Agrocampus Ouest, en collaboration directe avec les laboratoires halieutiques de l’Ifremer qui travaillaient déjà sur le sujet à l'époque. En 2000, elle rejoint le Danemark pour sa post-doc et exporte, aux côtés de Paul Marchal (aujourd’hui responsable de l'Unité Halieutique Manche Mer du Nord et du Laboratoire Ressources Halieutiques de Boulogne-sur-Mer de l’Ifremer), l'approche française des concepts de "métiers" et "flottilles", sur laquelle elle avait travaillé pendant sa thèse. Elle contribue ainsi à la généraliser dans l'ensemble des pays européens.
En 2006, elle a proposé pour la première fois un modèle simple appelé "FCube" (pour "Fleets and Fisheries Forecast") pour quantifier les impacts de ces pêcheries mixtes sur les différentes espèces exploitées (espèces cibles et captures accessoires), et ainsi étudier différents scénarios de gestion pour essayer d'atteindre les objectifs de durabilité (RMD, Rendement Maximum Durable) pour plusieurs espèces en même temps. Entre 2006 et 2012, elle a beaucoup oeuvré au sein du CIEM pour rendre cette approche complètement opérationnelle et intégrée dans les avis scientifiques annuels sur les quotas de pêche.
Réussir à quantifier ces interactions et compétitions entre les différentes flottilles et métiers a permis un vrai dialogue sur les enjeux de durabilité entre le CIEM et la Commission Européenne, et avec l'ensemble des parties prenantes, pêcheurs et ONGs. Et ainsi, quand la Politique Commune de la Pêche a été réformée en 2013, il a été agréé de gérer les quotas non plus seulement en silos, espèce par espèce, mais dans une approche plus intégrée prenant mieux en compte le fait que les espèces sont capturées ensemble. Ainsi, depuis 2016, des plans de gestion multiespèces et pluriannuels sont mis en place sur l'ensemble des zones de pêche européennes, et leur suivi annuel est encore très largement basé sur le modèle qu'elle avait proposé en 2006, et qui fait encore référence aujourd'hui.
Dans ses cinq dernières années au Danemark elle a pris beaucoup de responsabilités dans l'expertise européenne, en devenant en 2016 présidente du CSTEP (le Conseil Scientifique, Technique et Économique pour la Pêche auprès de la Commission Européenne), tout en pilotant le projet H2020 DiscardLess, encore une fois sur la problématique des captures accessoires et rejets en mer dans les pêcheries mixtes.
Très heureuse de cette récompense, Clara Ulrich rappelle que "Tout n'est cependant pas résolu aujourd'hui dans cette problématique des pêcheries mixtes, et malgré toutes ces années de recherche, il y a encore du travail. Mais je passe la main à d'autres, car j'ai rejoint avec bonheur la France et la Direction Scientifique de l'Ifremer il y a tout juste un an, et travaille maintenant à d'autres tâches tout aussi passionnantes !".