Bilan 2022 : la surpêche recule mais l’objectif de 100% de poissons issus de populations exploitées durablement n’est pas atteint
Le CSTEP dresse un bilan annuel de l’état des ressources dans les eaux européennes zone par zone et évalue la performance générale de la Politique Commune de la Pêche (PCP). Le bilan 2022, récemment publié, donne les tendances actualisées depuis 2003 et jusqu’en 2020 pour l’Atlantique nord-est, et jusqu’en 2019 pour la Méditerranée.
Dans ses conclusions générales, le CSTEP (STECF en anglais) rappelle que le rapport 2022 s’inscrit dans la continuité de la tendance générale observée depuis 20 ans, à savoir une réduction générale du nombre de populations surexploitées et une augmentation globale de la biomasse de poissons recensée. Grâce aux mesures de gestion de la Politique Commune de la Pêche et notamment l’instauration de l’objectif RMD (Rendement Maximum Durable), la démographie des poissons pêchés dans les eaux européennes progresse. On note même une amélioration de la situation assez importante entre 2019 et 2020 dans l’Atlantique nord-est. Mais le CSTEP reste prudent : avec la baisse d’activité liée au Covid, la diminution de la pression de pêche n’est peut-être que passagère.
A la fin des années 1990, 90 % des populations de poissons évaluées dans l’Atlantique nord-est étaient surexploitées et encore près de 80 % dans la première moitié des années 2000. En 2020, ce taux n’était « plus » que de 28 % (et 38% en 2019). Malgré ces progrès, l’objectif fixé par la PCP de 100 % des poissons pêchés issus de populations exploitées durablement en 2020 n’est toujours pas atteint.
Atlantique nord-est : moins de 30 % de populations surexploitées
Pour la zone Atlantique nord-est, le bilan recense 72 % de populations non surexploitées. La biomasse de poissons est en constante augmentation depuis 2007 et affiche une valeur 33 % plus élevée en 2020 qu’au début des années 2000 pour les populations les mieux suivies ; voire même de +50% en moyenne pour les autres populations moins suivies scientifiquement. Les scientifiques mettent tout de même en évidence deux points de vigilance en mer Baltique et en mer du nord, où la situation n’est plus à l’amélioration depuis quelques années, à la différence de la zone ibérique, du Golfe de Gascogne et de la Mer Celtique. Ces différences incitent à la prudence, montrant que la situation peut évoluer assez rapidement d’une année à l’autre et d’une zone à l’autre, en fonction des changements dans la pression de pêche et dans l’écosystème.
Méditerranée : 86% de populations surexploitées
En Méditerranée “européenne”, la situation reste encore préoccupante. En dépit de légers signes d’amélioration ces toutes dernières années, la pression de pêche demeure très élevée, près du double de la valeur cible préconisée pour une gestion au rendement maximum durable. Au total, 29 des 34 populations de poissons évaluées dans le rapport restent considérées comme surexploitées, soit 86 %. De plus, peu de populations font l’objet d’une évaluation et ce nombre n’augmente pas. Les données collectées témoignent aussi d’une abondance des poissons toujours très faible malgré une lente amélioration, difficile à confirmer avec le faible nombre d’évaluations réalisées.
L’état des populations de poissons dans les eaux européennes a connu une spectaculaire amélioration les 30 dernières années. Mais cette évolution globalement positive est moins homogène aujourd’hui. La courbe de progrès ralentit voire stagne parfois avec des disparités plus marquées entre les différentes zones marines communautaires. Ce ralentissement pourrait être lié notamment au dérèglement climatique.
La pêche européenne en chiffres
La pêche européenne en chiffres
74 000
navires environ
130 000
pêcheurs environ
6 millions
de jours à la mer
19
kg/hab en 2018, environ
+4 millions
de tonnes débarquées pour une valeur supérieure à 6 milliards d’euros