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Bientôt une plateforme scientifique unifiée pour observer l’océan côtier dans toute l’Europe ?

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JERICO s’appuie sur une diversité d’outils pour observer le milieu côtier : bouées instrumentées, prélèvements traditionnels, drones marins, observatoires sous-marins, capteurs embarqués dans les navires scientifiques (ferryboxes), etc.

Il existe aujourd’hui plus de 670 plateformes d’observations du milieu côtier réparties à travers l’Europe, de la mer de Norvège à la Méditerranée. Pour harmoniser ces capacités d’observation et de recherche, 39 partenaires scientifiques européens œuvrent ensemble à la construction de l’infrastructure de recherche transnationale JERICO. Objectif : observer l’océan côtier sous toutes les coutures et étudier plus finement les phénomènes rares ou extrêmes, comme les vagues de chaleur marine ou les tempêtes, et leurs impacts. Du 17 au 21 juin, ils se sont réunis à Brest pour marquer la fin de la troisième phase de développement de JERICO en vue de sa pérennisation à l’horizon 2030.

Le milieu marin côtier est un environnement complexe, trait d’union entre la terre et la mer, qui subit de nombreuses pressions naturelles et anthropiques. Son observation nécessite donc une coopération pluridisciplinaire, des mesures physiques comme la température et les courants jusqu’aux évaluations de biomasse du phytoplancton par prélèvements en mer ou par imagerie in situ. Pour répondre aux besoins d’harmonisation des sciences océaniques en milieu côtier, 39 partenaires scientifiques de 17 pays développent depuis 2011 la plateforme d’observation côtière JERICO, une infrastructure de recherche transnationale qui fédère les acteurs des sciences côtières à travers l’Europe.

Le développement de JERICO s’appuie sur des développements technologiques et méthodologiques pour optimiser la collecte et l’harmonisation des données collectées par plus de 670 plateformes d’observation côtière à travers l’Europe. À ce titre, les structures nationales d’observation côtière, telles que l’infrastructure ILICO copilotée par l’Ifremer, déjà présentes dans 9 des 17 pays concernés constituent les éléments fondateurs de la structuration de l’observation côtière à l’échelle européenne.

13 régions marines pour s’affranchir des frontières nationales

Les interconnexions entre les différents compartiments du milieu marin soulignent la nécessité de considérer ces écosystèmes selon leurs délimitations naturelles plutôt que selon les frontières nationales. JERICO définit ainsi 13 régions marines, afin d’optimiser le développement d’outils permettant de répondre aux problématiques spécifiques de chaque région : drones marins, bouées instrumentées, observatoires câblés, etc. Ces coopérations ont déjà fourni des résultats clés, par exemple avec la mise en place d’un réseau d’observation automatisé pour suivre le développement de microalgues de la mer du Nord aux détroits de Kattegat (entre le Danemark et la Suède).

La diversité et la répartition des systèmes d’observation permettra à terme de traquer les phénomènes rares ou extrêmes, comme les vagues de chaleur marine ou les tempêtes, et d’évaluer leurs impacts à l’échelle locale et globale sur des phénomènes comme l’élévation du niveau de la mer, l’érosion côtière ou la dynamique des organismes marins.

Vers une infrastructure pérenne à l'horizon 2030

Du 17 au 21 juin, plus de soixante représentants se sont réunis pour conclure la troisième et dernière phase de développement, en vue d’une pérennisation de JERICO à l’horizon 2030, par exemple sous la forme d’un consortium pour une infrastructure de recherche européenne (ERIC) dédié à l'observation marine côtière et labellisée ESFRI (European Strategy Forum on Research Infrastructures). Objectif : fournir sur le long terme une vision européenne globale du milieu côtier structurée par grande région, pour répondre aux besoins de la communauté scientifique et des politiques publiques dans toute l’Europe. En alimentant les bases de données européennes, JERICO alimentera également directement la construction du jumeau numérique de l’océan.