5 questions à Christophe Maisondieu, directeur opérationnel de l'infrastructure de recherche THeoREM
Pourquoi avoir créé THeoREM, réseau des moyens d'essais pour l'hydrodynamique et les énergies marines renouvelables ?
Très clairement, le lancement du projet Marinerg-i qui visait à développer une infrastructure de recherche tournée vers les énergies marines renouvelables en Europe a été déclencheur. L'objectif visé, à la demande du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (MESRI), a été de créer le nœud français de cette infrastructure de recherche distribuée européenne. Il s'agissait alors de renforcer le positionnement national et européen de nos moyens d'essais. THeoREM est née en 2017 de la mise en réseau des moyens d'essais en hydrodynamique de l'École centrale de Nantes et de l'Ifremer, des moyens d'essais mécaniques sur fondations et structures de l'université Gustave Eiffel, et des moyens d'essais mécaniques et hyperbares pour les matériaux et structures en mer de l'Ifremer. En 2018, THeoREM a été positionnée sur la feuille de route des infrastructures de recherche nationales du MESRI. Un renouvellement de cette feuille de route est programmé en 2021, nous sommes en cours de finalisation de notre dossier de candidature.
Quel est l'objectif recherché aujourd'hui par THeoREM ?
Il faut que les utilisateurs potentiels - industriels, développeurs, grandes entreprises ou PME qui veulent développer un concept ou qui ont besoin de le tester - ne voient qu'une seule infrastructure disposant de moyens d'essais. Les utilisateurs s'adressent à cette unique voie d'entrée, et ensuite nous leur proposons l'accès aux moyens les plus adaptés à leurs besoins. La mise en réseau des moyens d’essais et la coordination des actions de recherche menées par les équipes de THeoREM favorisent l’innovation et l’adaptation aux besoins de l’industrie navale et off-shore. Nous répondons ainsi au besoin de rationalisation de l'utilisation et de financement des grands moyens d'essais au niveau national et européen.
En quoi THeoREM se singularise-t-elle dans le paysage des infrastructures de recherche ?
Elle est tout d'abord unique de par l'excellence reconnue des membres qui constituent THeoREM, que ce soit l'École centrale de Nantes, l'Ifremer, ou l'université Gustave Eiffel. Et puis cette capacité au sein d'une même infrastructure à accompagner un projet du début à la fin, de la preuve de concept aux phases de pré-industrialisation, ce n'est pas unique, mais c'est tout de même original.
Pourriez-vous citer un projet référent qui illustre ce long processus menant des premiers essais à la phase de pré-production industrielle ?
Le projet Eolink est un bon exemple car il montre bien la démarche et l'intérêt de THeoREM. Eolink est un concept innovant d'éolienne flottante. Le mât habituel fait place à une structure pyramidale plus légère et plus rigide, dotée de turbines de grand diamètre pour améliorer la compétitivité. Nous l'avons tout d'abord testé en bassin à très petite échelle, puis sur le site de Sainte-Anne du Portzic à l'échelle 1/10e, où l'on est confronté à des vraies vagues et à du vrai vent. Enfin, nous allons tester un prototype à l'échelle 1 sur le site du SEM-REV au Croisic, il s'agit là de la phase de pré-industrialisation.
Pourquoi avoir réalisé ce film court ?
Ce film est un moyen efficace d'afficher la capacité de THeoREM à suivre un projet tout au long de son développement et à toutes les échelles dans les domaines suivants : hydrodynamique, matériaux, structures. Un bon nombre de ces moyens d'essais, en particulier les moyens lourds, associés aux compétences scientifiques et techniques des équipes, sont assez originaux en Europe comme, par exemple, la veine de circulation de Boulogne-sur-Mer de l'Ifremer, la centrifugeuse géotechnique de l'université Gustave Eiffel, le site d'essais en mer SEM-REV de l'École centrale de Nantes au Croisic.